Bilan de mi-législature : entre avancées concrètes, combats à poursuivre et propositions à venir

Bilan de mi-législature : entre avancées concrètes, combats à poursuivre et propositions à venir

Alors que s’ouvre la dernière session parlementaire de l’année 2025, l’heure est venue de faire le bilan de mi-législature. Entre succès, frustrations et propositions pour la suite, je vous partage un aperçu de mon travail au Conseil national.

Des avancées concrètes grâce à mes interventions parlementaires:

  • ⁠⁠Les cigarettes électroniques jetables (puffs) seront interdites au niveau national.
  • La Confédération va désormais pouvoir soutenir financièrement les organisations d’importance nationale dans les domaines de la santé psychique ainsi que de la prévention du suicide et de la violence, comme par exemple La Main Tendue.
  • Le Conseil fédéral est chargé d’élaborer un rapport afin de mieux connaître la prévalence de l’inceste en Suisse et de proposer des mesures pour lutter contre ce fléau encore tabou dans notre pays.
  • Le Conseil fédéral est chargé de faire un bilan concernant la mise en œuvre de la loi sur les installations à câbles transportant des personnes, notamment concernant le démantèlement des installations de remontées mécaniques hors d’usage.

J’ai fait de nouvelles propositions, pas encore traitées par le parlement, notamment :

  • Une motion demandant de mieux connaître la diffusion d’idéologies masculinistes affirmant la domination de l’homme sur la femme afin d’en combattre la propagation, des idéologies qui malheureusement se répandent sur les réseaux sociaux auprès de nombreux jeunes garçons.
  • Une motion demandant l’introduction d’une taxe pour les personnes prenant souvent l’avion, le produit de cette taxe devant majoritairement être redistribuée à la population, le reste pouvant financer la décarbonation du secteur aérien.
  • Un postulat demandant l’élaboration d’une Stratégie nationale pour le trafic de loisirs et touristique, notre réseau de transport étant trop pensé en fonction des déplacements des pendulaires alors que 52% des déplacements sont liés au tourisme et aux loisirs.

Des frustrations… mais toujours motivé !

Comme tout·e parlementaire, j’ai aussi connu des échecs – trop nombreux pour tous les citer ici. Je regrette notamment que plusieurs de mes interventions aient été classées sans débat ni vote, faute de temps.

Cela a été le cas, par exemple, de :

  • La promotion d’un usage multifonctionnel de l’eau des barrages

  • L’encouragement à la déconstruction sélective des bâtiments, afin de pouvoir réutiliser certains éléments et matériaux

Je reste plus que jamais mobilisé pour la deuxième moitié de la législature, avec la même volonté de faire avancer des causes essentielles pour notre société, notre pays et notre planète.

 

 

La catastrophe de Blatten sonne-t-elle le glas de la vie en montagne?

La catastrophe de Blatten sonne-t-elle le glas de la vie en montagne?

Face à l’augmentation des événements climatiques extrêmes comme la catastrophe de Blatten, agir maintenant pour atténuer le changement climatique et s’y adapter est une nécessité vitale.

Dix jours après la catastrophe qui a englouti Blatten, on reste toujours sans voix devant la puissance des éléments naturels et en pensées solidaires avec les habitants qui ont tout perdu. Grâce à un système de gestion des risques bien rodé et à l’évacuation préventive, le pire a été évité. On ne peut que remercier toutes les personnes qui font fonctionner ce système et qui seront encore sur le terrain ces prochaines semaines.

Multiplication des événements extrêmes

Ce qui s’est passé à Blatten, la rupture du glacier du Birch, choque d’autant plus qu’un village entier a été englouti. Mais ce drame n’est pas un cas isolé. La Suisse connaît une recrudescence d’événements extrêmes depuis quelque temps déjà, comme l’année dernière dans le Val Bavona, à Brienz ou au Misox. Et le Valais est en première ligne, comme tant d’autres régions alpines. Il a été particulièrement touché en 2024: Vallée de Saas, Haut Val de Bagnes, Val d’Anniviers ou bien sûr Sierre où plus de 140 personnes ont perdu leur logement. 

« Les montagnes s’effritent, car le réchauffement climatique les affecte particulièrement. Les glaciers fondent, le pergélisol se résorbe, la neige se raréfie. Conjugués à des conditions météorologiques extrêmes, ces phénomènes entraînent une augmentation des dangers naturels dans l’arc alpin. »


Michael Lehning, directeur de l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches.

On entend souvent: « Il y a toujours eu des catastrophes naturelles. ». C’est vrai. Mais aujourd’hui, leur fréquence et leur intensité explosent, conséquence directe du réchauffement climatique. En Valais, la température moyenne a déjà augmenté de 3°C depuis la fin du XIXe siècle. Comme l’écrit le directeur de l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches SLF dans le dernier numéro du magazine « Diagonale » du WSL consacré au thème Attention danger ! Changement climatique et dangers naturels, « les montagnes s’effritent, car le réchauffement climatique les affecte particulièrement. Les glaciers fondent, le pergélisol se résorbe, la neige se raréfie. Conjugués à des conditions météorologiques extrêmes, ces phénomènes entraînent une augmentation des dangers naturels dans l’arc alpin. » 

« Je suis convaincu que nous pouvons – et devons – continuer à vivre dans les vallées de montagne. Mais je ne veux pas raconter des histoires: si le climat continue à se réchauffer, cette vie y deviendra de plus en plus difficile. »

Christophe Clivaz

Dans ce contexte, entendre certains milieux comme Avenir Suisse ou la NZZ, via la parole de son rédacteur en chef, suggérer d’abandonner le soutien aux vallées sinistrées est choquant. Faut-il vraiment renoncer à la vie en montagne? Toute la délégation valaisanne au Parlement fédéral a heureusement rejeté fermement cette idée. Les Alpes sont une part essentielle de notre identité nationale. Opposer citadins et montagnards n’a aucun sens, alors que tant de citadins viennent justement se resssourcer chez les seconds.

Je suis convaincu que nous pouvons – et devons – continuer à vivre dans les vallées de montagne. Mais je ne veux pas raconter des histoires: si le climat continue à se réchauffer, cette vie y deviendra de plus en plus difficile. Les mesures de protection ne peuvent pas tout compenser: pour des raisons techniques, logistiques, mais aussi financières.

Et ce n’est pas qu’une affaire de montagne. Les zones de plaine aussi sont déjà confrontées à des vagues de chaleur, des sécheresses, des inondations. Le dérèglement climatique touche tout le pays.

Coupes budgétaires inappropriées dans les mesures de protection contre les risques naturels

Dans son programme d’allègement budgétaire 2027, le Conseil fédéral prévoit des coupes importantes dans la protection contre les risques naturels ainsi que dans la protection du climat, par exemple en supprimant les subventions pour l’assainissement énergétique des bâtiments. C’est l’inverse qui est nécessaire! Engager davantage de moyens financiers pour nous adapter à l’augmentation des événements extrêmes et pour réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. Ce sera de plus en plus une question existentielle pour bien des régions de montagne. 

Christophe Clivaz

 

Croisières : le tourisme de masse qui coule la planète

Croisières : le tourisme de masse qui coule la planète

L’industrie des croisières est en plein essor. Chaque année, des millions de vacanciers embarquent sur ces monstres flottants pour une aventure maritime où le luxe côtoie… la catastrophe écologique et climatique. Car oui, derrière les piscines à débordement et les buffets à volonté, ces géants des mers cachent un impact environnemental absolument désastreux.

Les bateaux sont de plus en plus gros – et ce n’est pas une exagération. Certains peuvent désormais transporter près de 10’000 personnes, équipage compris. Si vous pensiez qu’il y avait une erreur de frappe, détrompez-vous. Les croisières d’aujourd’hui, ce ne sont plus seulement quelques passagers sirotant un cocktail sur le pont – c’est littéralement une ville flottante, avec ses propres centres commerciaux, casinos et parcs aquatiques. Qui a besoin d’explorer le monde quand on peut passer sa journée sur un toboggan géant en pleine mer? La croisière s’amuse » n’est plus seulement une série télévisuelle mais une réalité.

Ces monstres marins débarquent chaque jour dans de nouveaux ports, vomissant des milliers de touristes qui ont tout juste quelques heures pour «visiter» avant de repartir. Résultat? Des villes littorales submergées, des habitants excédés et une culture locale réduite à une simple carte postale. Mais peu importe, tant que le duty-free et la piscine à vagues sont ouverts 24h/24!

La palme à MSC Croisières, basée en Suisse

Le vrai problème, c’est que derrière le rêve vendu par les brochures, il y a une réalité bien plus sombre. Ces palaces flottants sont de véritables usines à pollution. À eux seuls, les navires de croisière émettent des quantités astronomiques de CO₂, d’oxyde d’azote et d’oxyde de soufre. À quai, ils continuent de faire tourner leurs moteurs, transformant les ports en usines à gaz à ciel ouvert. Dans certaines villes, la pollution aux particules fines est jusqu’à 20 fois plus élevée dans les zones portuaires que dans le reste du territoire.

Et la palme du désastre écologique revient à… MSC Cruises, basée à Genève. Selon une étude de 2023, les opérateurs de croisières émettent autant de soufre que l’ensemble des 291 millions de voitures en Europe. Oui, vous avez bien lu: une seule compagnie réussit à polluer autant que toutes les voitures du continent.

D’autre part, les navires rejettent généralement leurs eaux usées non traitées directement dans l’océan ou la mer et déversent également de nombreux déchets, produits chimiques, plastiques et métaux lourds dans l’eau. L’industrie des croisières génère donc d’énormes nuisances et a un fort impact sur l’environnement ainsi que sur la santé humaine.

Malgré les avancées technologiques, les impacts écologiques des paquebots demeurent massifs. La promotion des navires fonctionnant au gaz naturel liquéfié (GNL) au lieu du fioul classique n’apporte une amélioration que très limitée. Un paquebot propulsé au GNL a en réalité un impact climatique aussi important, voire pire, qu’un navire propulsé au diesel, en raison des fuites massives de méthane tout au long de la chaîne d’approvisionnement et lors de son utilisation.

De plus, les bateaux de croisière sont conçus pour fonctionner pendant une quarantaine d’années environ, et la question de leur recyclage n’est même pas encore abordée. La pollution liée au démantèlement des navires risque d’être, elle aussi, conséquente.

Sur le plan social, la grogne monte. Dans de nombreux ports, les mouvements de contestation se multiplient face à l’invasion quotidienne de ces monstres des mers, au point que certaines villes, comme Venise, ont fini par les bannir purement et simplement. Et pour cause: en plus de leur impact écologique désastreux, ces débarquements massifs transforment les centres-villes en parcs d’attractions éphémères, où des milliers de passagers affluent en quelques heures, saturant les rues, les places et les transports. Résultat? Une qualité de vie en chute libre pour les habitants, une expérience dégradée pour les touristes qui séjournent réellement sur place et, cerise sur le gâteau, des retombées économiques dérisoires pour les villes d’accueil. Car après tout, pourquoi dépenser son argent dans les commerces locaux quand tout est déjà inclus à bord?

 

Grande responsabilité de la Suisse, même sans accès à la mer

Si notre pays n’a pas d’accès à la mer, cela ne l’empêche pas de porter une grande responsabilité dans ce secteur puisque les entreprises basées en Suisse contrôlent 42 navires de croisière, soit plus que l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Par exemple les navires de MSC Croisières, qui se revendique la plus grande compagnie privée de croisières au monde, desservent 211 escales dans les ports de la planète et accueillent annuellement plus de 2.4 millions de passagers, avec l’objectif affiché de plus que doubler cette fréquentation d’ici 2027! Les navires de croisière gérés depuis la Suisse ont émis en 2023 au moins 2,7 millions de tonnes de CO2, soit environ 6,5 % des émissions totales en Suisse, un pourcentage qui va augmenter ces prochaines années avec la volonté de croissance du secteur des croisières.

MSC Cruises et consorts promettent bien sûr de devenir climatiquement neutres d’ici 2050. Mais entre les belles paroles et les actes, il y a un océan. À ce jour, les efforts volontaires de l’industrie sont dérisoires, et sans intervention politique forte, cette promesse restera lettre morte. Il est donc urgent d’imposer des mesures contraignantes à ce secteur ultra-polluant: exiger des compagnies de croisières basées en Suisse qu’elles présentent des plans détaillés et juridiquement engageants pour atteindre le zéro émission nette d’ici 2050. Ou encore introduire une taxe carbone sur le fioul lourd, à l’image de celle existant déjà sur les combustibles, dont les recettes pourraient être redistribuées à la population. Ce sont des solutions concrètes que je défendrai au Parlement fédéral à travers différentes interventions.

Dont cette interpellation déposée le 20 mars 2025: https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20253218

Les alternatives existent

Il ne s’agit pas d’arrêter de voyager, mais de choisir des alternatives qui ne détruisent ni la planète, ni les territoires d’accueil. L’association fairunterwegs (« en chemin de manière responsable »), qui a publié un rapport sur la responsabilité de la Suisse dans l’industrie des croisières, propose déjà des alternatives plus durables. Elle recense des escapades et voyages répondant aux critères G.L.Ü.C.K. (Gemächlich, Lokal, Überraschung, CO₂-Austoss, Korrekter Preis – soit Tranquille, Local, Surprise, Émissions de CO₂, Prix correct). Chacun peut d’ailleurs soumettre des idées de voyages respectant ces principes. Plutôt que de « flinguer » notre bilan carbone et d’étouffer les destinations avec des croisières de masse, privilégions des voyages plus responsables, au bénéfice des populations locales et de notre planète.

Christophe Clivaz

La nature et le paysage, sources de notre prospérité

La nature et le paysage, sources de notre prospérité

Face à l’effondrement des écosystèmes, l’initiative Biodiversité vient rappeler que nous sommes dépendants d’écosystèmes qui fonctionnent

En Suisse, la nature va mal. Un tiers des espèces animales et végétales sont menacées ou ont déjà disparu. La moitié des espaces vitaux subsistant pour les animaux et les plantes sont menacés. C’est la raison pour laquelle l’initiative Biodiversité a été déposée.

Notre survie en tant qu’espèce dépend directement de la protection de la nature et de nos paysages. Sans biodiversité, nos écosystèmes cessent de fonctionner, mettant en péril les fondements mêmes de notre prospérité. Parce que sans polinisateurs qui  permettent à nos cultures de produire, sans forêts qui purifient nos eaux et nous protègent des avalanches ou des éboulements, sans des sols vivants qui permettent les rendements agricoles, sans la diversité des substances actives des plantes qui permettent de nous soigner, sans les promenades dans de beaux paysages qui nous font nous sentir bien,  l’espèce humaine ne peut simplement pas vivre.

Et ce fonctionnement des écosystèmes est aujourd’hui mis en danger, les scientifiques parlent d’ailleurs d’une 6ème extinction de masse au niveau de la planète tant la disparition des espèces est rapide.

 

Echec des objectifs de la Stratégie biodiversité suisse et promesses non tenues

Malheureusement les mesures prises jusqu’ici ne sont pas suffisantes et une grande partie des objectifs de la Stratégie biodiversité de la Confédération, adoptée en 2012, n’ont pas été atteints. De plus, le parlement vient de renoncer à ce qui avait été promis lors de la campagne sur les initiatives pesticides, à savoir augmenter à 3,5% les surfaces de promotion de la biodiversité dans les grandes cultures du Plateau où elles ne représentent que 1%, bien loin des 19% atteints en moyenne dans l’agriculture, grâce en particulier à l’engagement des paysans de montagne.

Les opposants trompent l’opinion en affirmant que 30% du territoire serait sanctuarisé. C’est faux.

Il est nécessaire de comprendre que la biodiversité ne se limite pas aux aires protégées. Mais aussi les villes et agglomérations, les villages, les zones industrielles, etc.).

Si la Suisse accuse un retard inquiétant en Europe sur ce point, il est essentiel de veiller à la qualité des écosystèmes dans l’ensemble du territoire, y compris en zones urbaines.  Enlever du béton et planter des arbres, des mesures qui nous permettront aussi de nous adapter au réchauffement dans les villes.

Qualité de la nature et des paysage: un produit touristique

Enfin, pour un canton touristique comme le Valais, il est évident qu’une biodiversité intacte et de beaux paysages constituent d’importants atouts. Dire Oui à l’initiative Biodiversité c’est assurer la qualité de nos paysages naturels et bâtis qui ont une valeur inestimable pour l’activité touristique, car ils sont en fait très souvent le produit touristique lui- même! C’est aussi assurer des espaces de récréation de qualité pour la population résidente.

Le Conseil des Etats n’a pas voulu de contre-projet et ne reconnaît pas la nécessité d’agir. Il ne reste dès lors plus d’autre choix que de dire OUI à l’initiative afin de faire pression sur le parlement pour qu’il décide de mesures permettant de maintenir les bases du vivant, gage de notre prospérité.

Christophe Clivaz

Lien vers la tribune du Walliserbote.ch (en allemand)

Que faire des remontées mécaniques abandonnées?

Que faire des remontées mécaniques abandonnées?

L’émission Rundschau SRF du 3 janvier dernier a consacré un reportage aux installations de
remontées mécaniques abandonnées. Les propriétaires de ces installations ont refusé de répondre
aux questions des journalistes: le sujet est sensible.

Réchauffement climatique, manque de rentabilité, de plus en plus de domaines skiables ont été contraints ces dernières années de stopper leur activité ou de la réduire en abandonnant l’exploitation de certaines installations. Cette évolution va se poursuivre et s’accentuer à l’avenir.

Dans ce contexte, il est important que ces installations, lorsqu’elles ne sont plus utilisées, soient démontées dans un délai raisonnable et que le terrain soit remis en état. Ceci permet d’éviter toute atteinte pérenne à la nature et de restaurer la qualité du paysage, si importante pour l’attractivité touristique.

La Loi fédérale sur les installations à câbles prévoit l’obligation de démantèlement, au frais du propriétaire, des installations mises hors service définitivement. Dans la pratique, il apparaît qu’il faut souvent un long délai avant que ces installations hors service soient démontées. Une des raisons de cette situation est que l’arrêt des installations s’accompagne très souvent de grandes difficultés financières, voire de la faillite, des sociétés propriétaires exploitantes.

Si l’installation perd son propriétaire suite à une faillite, l’obligation du démantèlement incombe subsidiairement au propriétaire foncier. Ce qui peut amener ce dernier à devoir assurer des coûts disproportionnés par rapport à ses capacités financières comme le montre l’exemple de la commune de Bourg-Saint-Pierre en Valais où les installations du domaine skiable de Super Saint- Bernard, fermées en 2010, sont en ruine. Le coût de leur démontage est estimé à 2 millions de francs.

Aujourd’hui on estime à environ une cinquantaine le nombre d’installations abandonnées qui ne sont pas démontées alors qu’elles devraient l’être, selon un recensement établi par Mountain Wilderness.

 

Assurer le financement du démontage de ces installations via un fonds

Ces prochaines décennies il faut s’attendre à ce que d’autres installations ferment définitivement, comme le reconnaît d’ailleurs le Conseil fédéral dans la réponse qu’il a donnée à une de mes interpellations. Dans ce contexte, je propose via une initiative parlementaire la création d’un fonds de démantèlement permettant de couvrir l’ensemble des frais liés au démantèlement des installations après leur durée de vie usuelle. Ce fonds serait alimenté annuellement par les propriétaires des installations.

Si les installations sont remplacées, alors le fonds peut être utilisé pour apporter une partie du financement des nouvelles installations. Cela permettrait dans ce dernier cas de contribuer à résoudre un autre problème, celui de la difficulté rencontrée par nombre d’entreprises de remontées mécaniques pour trouver des sources de financement lorsqu’elles doivent renouveler leurs installations.

La mise en place d’un tel fonds signifie pour les propriétaires de remontées mécaniques de devoir mettre chaque année un peu d’argent de côté. Ce ne serait certes pas facile pour un certain nombre d’entre eux, déjà confrontés à une situation financière difficile. Mais l’enjeu est aussi de mieux protéger notre paysage et notre nature qui, il faut le rappeler, sont aussi nos principaux atouts touristiques.

Interventions déposées:
Initiative parlementaire « Création d’un fonds pour le démantèlement des installations de remontées mécaniques hors service »
Interpellation Quid du démantèlement des installations de remontées mécaniques abandonnées? »
Motion « Fixer un délai pour le démantèlement des installations de remontées mécaniques hors service »

Tourisme : le « toujours plus » n’est pas la solution

Tourisme : le « toujours plus » n’est pas la solution

L’organisation de descentes de coupe du monde en novembre à Zermatt témoigne de la difficulté à sortir du dogme de la croissance.

Les médias suisses et étrangers se sont beaucoup épanchés sur les déboires liés à l’organisation des coupes du monde de ski de Zermatt. Après la polémique autour des images de destruction du glacier à coups de pelle mécanique, et du caractère illégal d’une partie de ces travaux, voilà que les 4 épreuves prévues ces deux derniers week-ends ont dû être annulées. Après déjà l’annulation l’année dernière des 4 épreuves prévues en octobre, à une période où la neige avait fait défaut.

C’en était trop pour le président du comité d’organisation, Franz Julen, qui n’a pas pu retenir ses larmes devant les caméras après tous les efforts consentis. Des larmes qui viennent rappeler que tout n’est pas noir ou blanc. Oui les retombées économiques et marketing sont les principaux éléments qui expliquent la volonté d’organiser ces épreuves à cette période de l’année et dans ce contexte les considérations écologiques ne pèsent pas lourds. Mais les larmes de Franz Julen sont sincères et on imagine bien sa déception, ainsi que celle de son comité d’organisation et des centaines de bénévoles présents, qui n’ont pas pu récolter le fruit de leur engagement.
 

L’esprit pionnier de Zermatt pour sortir du « tout-ski »?

La capacité d’innovation et l’esprit de pionnier de Zermatt sont souvent évoqués pour expliquer le succès de la station depuis sa création au milieu du 19ème siècle. Zermatt a souvent su se réinventer et s’adapter aux modifications du contexte touristique. L’organisation de descentes de coupe du monde en automne à plus de 3000 mètres d’altitude s’inscrivent dans cette tradition.

Mais elle témoigne aussi de la difficulté à sortir de l’idée qu’il en faut toujours plus pour assurer le succès d’une station, quel que soit le prix écologique à payer ou en faisant fi des réalités environnementales ou météorologiques. La liaison câblée de Breuil-Cervinia à Zermatt inaugurée récemment participe de cette même logique de croissance en ciblant spécifiquement la clientèle asiatique.

D’un côté un village sans voitures avec des bus électriques et la volonté d’être une destination « swisstainable », de l’autre un glacier éventré et la recherche de toujours plus de touristes asiatiques au bilan carbone désastreux. Grand écart assuré.

Mais cette « schizophrénie » ne concerne pas que le niveau local. Les politiques menées par les cantons et la Confédération en matière de soutien au tourisme sont elles aussi largement basées sur l’idée de la croissance et du toujours plus. Le fait que ces politiques soulignent la nécessité de respecter les principes du développement durable n’y change pas grand-chose.

Aujourd’hui est-ce que l’esprit de pionner, ce ne serait pas plutôt, à Zermatt comme dans d’autres stations, d’abandonner cette volonté de croissance et d’augmentation des flux de visiteurs et d’initier à la place une stratégie de transition touristique ?

Une stratégie donnant plus d’importance au bien-être social des habitants et des employés (conditions de logement et de travail), et tenant davantage compte des impacts des activités touristiques sur la nature, le paysage et le climat. Un sacré défi certes, mais stimulant et qu’il est tout à fait possible de relever afin d’améliorer notre qualité de vie et celle de nos enfants.