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Pourquoi voter « OUI » à la Loi pour l’électricité est essentiel pour le climat et le paysage

Pourquoi voter « OUI » à la Loi pour l’électricité est essentiel pour le climat et le paysage

Le 9 juin, un choix crucial nous attend concernant la Loi pour l’électricité. Face aux critiques des opposants, il est primordial de rectifier certaines idées reçues et de souligner l’importance capitale de cette loi pour notre avenir énergétique et environnemental. Explications.

La pesée des intérêts entre protection et exploitation reste la règle

Dans la campagne, les débats risquent de se focaliser sur la tension entre production d’électricité renouvelable et protection du paysage. Le curseur a effectivement été déplacé un peu, dans la pesée des intérêts, en faveur de la production des énergies renouvelables par rapport à la protection de la nature et du paysage. Les ordonnances d’application, qui sont en phase de consultation, sont cependant rassurantes. Elles précisent bien qu’il ne s’agit en aucun cas de démanteler la protection de la nature et du paysage et que la pesée des intérêts reste la règle. Dire le contraire est simplement faux.

 

Augmentation importante de la production d’énergie renouvelable sur le bâti existant

Si la campagne va se focaliser sur la tension entre production d’énergie renouvelable et protection de la nature et du paysage, le point essentiel de la loi est pourtant ailleurs. Le Parlement a fixé des objectifs très ambitieux en termes de production d’électricité renouvelable. Au moins 35 TWh d’électricité devront être produits en 2035 grâce aux énergies renouvelables (hydraulique non compris), et 45 TWh en 2050. Pour donner un ordre de grandeur, la consommation d’électricité annuelle en Suisse est de l’ordre de 56-57 TWh aujourd’hui et la production hydroélectrique actuelle 37 TWh.

Concrètement c’est en très grande partie le développement du PV sur les toits et les infrastructures qui apportera ces TWh supplémentaires, même si l’éolien et la biomasse ont aussi un rôle à jouer.

Si les débats se focalisent ainsi beaucoup sur les potentielles atteintes au paysage, il faut souligner que cette loi permet de facto que 80 à 90 % du développement des énergies renouvelables se fasse sur les infrastructures existantes.

Et cette forte progression du PV est tout à fait réaliste. En 2023, 1,5 TWh de courant supplémentaire ont été connectées au réseau, soit 50% de plus que l’année précédente. En 2024 le PV produira 10% de la consommation électrique suisse. D’après les projections, même prudentes, le PV produira environ 15 TWh en 2030 (aujourd’hui 6 TWh) dont près de 5 TWh en hiver, soit 5 fois plus que ce qui est espéré avec la production hivernale des parcs solaires alpins…

L’objectif de cette importante production électrique renouvelable supplémentaire, c’est de parvenir à décarboner les systèmes de chauffage (remplacement du mazout et du gaz par des pompes à chaleur) et la mobilité (électrification du parc de véhicules). Dire non à la loi pour l’électricité, c’est ainsi dire oui au maintien de notre dépendance aux énergies fossiles provenant de pays souvent peu démocratiques et refuser d’augmenter notre sécurité d’approvisionnement en énergie.

 

Une Loi qui respecte la nature et le paysage

La situation est évidemment très différente si une installation photovoltaïque alpine ou une éolienne est prévue dans une zone déjà marquée par la main de l’homme et les infrastructures, ou si elle est envisagée dans une nature encore intacte. La loi sur l’électricité précise que lors de la délimitation dans les plans directeurs cantonaux des zones appropriées pour les installations solaires et éoliennes d’importance nationale, les cantons doivent tenir compte des intérêts de protection, et en premier lieu de la protection du paysage. Il est dès lors clair que les installations éoliennes et solaires doivent être construites avant tout hors des paysages protégés inscrits à l’Inventaire fédéral des paysages d’importances nationale (IFP).

Les zones délimitées comme appropriées, dans lesquelles les installations solaires et éoliennes ont la priorité, ne doivent ainsi explicitement pas se trouver dans des paysages d’importance nationale. Ceux-ci couvrent tout de même 17% du territoire national. C’est précisément parce que les installations éoliennes et solaires ont la priorité sur d’autres intérêts dans les zones dites appropriées qu’il sera dissuasif d’en construire ailleurs. Ainsi, cela soulagera les autres territoires, considérant que les projets seront réalisés en priorité dans les zones appropriées délimitées.

 

Une pesée des intérêts aussi pour l’énergie hydraulique

Il en va de même pour l’énergie hydraulique. Le législateur a choisi ici une autre voie et, sur la base d’un accord issu de la table ronde sur l’hydroélectricité, a défini 16 projets qui bénéficient d’un intérêt accru. Cela conduira également à une canalisation et à une concentration des projets. La Fondation pour la protection et l’aménagement du paysage, dont je suis membre du Conseil de fondation, s’est certes prononcée contre un des projets, celui du Gorner, parce qu’elle n’a pas encore obtenu suffisamment d’informations sur ce projet pour pouvoir évaluer son impact sur le paysage. Et pourtant la Fondation soutient la loi pour l’électricité car elle permet de continuer à prendre en compte ces considérations liées au paysage. La priorité donnée en principe à la production d’électricité sur d’autres intérêts d’importance nationale ne signifie en effet pas que toute installation projetée sera forcément autorisée. Un examen au cas par cas et une pesée des intérêts restent obligatoires, y compris pour les projets de la table ronde comme celui du Gorner ou pour les projets d’éoliennes ou de parcs solaires dans les zones appropriées. Ce sont ces différents arguments qui ont convaincu tant Pro Natura, la Fondation suisse pour l’aménagement et la protection du paysage, Aqua Viva, Birdlife, le WWF, Greenpeace ou Mountain Wilderness, des associations qui mettent au centre de leur activité la défense du paysage et de la biodiversité, de soutenir la loi et de s’opposer au référendum.

 

Une facture d’électricité réduite pour les ménages et les entreprises

Il faut noter aussi que pour la première fois un programme d’efficacité a été intégré dans la loi: les fournisseurs d’électricité devront atteindre des objectifs en la matière et faire chaque année économiser du courant à leurs clients. C’est notamment grâce à cette mesure que doit être atteint la diminution de 2 TWh de la consommation d’électricité d’ici 2035 exigée par la loi. Une diminution qui sera bonne pour le portemonnaie tant des privés que des entreprises.

De plus, grâce à l’introduction d’une prime de marché flottante pour les grandes installations d’énergie renouvelable, la rentabilité de ces dernières sera assurée. Lorsque le prix de l’électricité est élevé, la Confédération ne soutiendra pas financièrement et pourra même récupérer de l’argent alors que si les prix sont bas, les exploitants bénéficieront d’une rémunération minimale leur permettant d’atteindre le seuil de rentabilité.

En remplaçant les énergies fossiles comme le mazout, l’essence ou le gaz par de l’électricité, on réduira également les risques de forte fluctuation des prix lors de crises grâce à une augmentation de l’électricité produite localement. Enfin, la Loi sur l’électricité ne prévoit aucune taxe ou impôt supplémentaire.

Une loi très importante pour protéger le climat

Je me suis battu au parlement contre les volontés d’affaiblir la protection de la nature et du paysage, avec un certain succès puisqu’initialement il était prévu de permettre la construction d’installations dans les biotopes d’importance nationale ainsi que de suspendre les débits résiduels dans les cours d’eau. Si je regrette certains affaiblissements mineurs apportés à la protection de la nature et du paysage, il ne faut surtout pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La loi pour l’électricité est une loi importante pour que la Suisse sorte des énergies fossiles et augmente sa sécurité en matière d’approvisionnement en énergie. Elle constitue une étape décisive dans l’atteinte des objectifs en matière de protection du climat fixés dans la Loi Climat adoptée par le peuple en juin de l’année dernière.

 

La loi ne favorise pas les grands parcs solaires alpins

Sur ce dernier point, il est important de préciser que les dispositions concernant le SolarExpress, adoptées par le parlement en septembre 2022, ne sont pas concernées par le référendum. Que l’on soit pour ou contre ces grands parcs solaires, il sera toujours possible d’en construire, avec 60% de subventionnement public, jusqu’à ce qu’une production de 2 TWh/an soit atteinte. Dire non à la loi pour l’électricité ne permettra pas d’empêcher leur construction, contrairement à ce que laissent volontiers entendre les opposants.

 

Christophe Clivaz

 

En savoir plus: https://loielectricite-oui.ch/

 

Investir dans les centrales à gaz: un véritable gaspillage d’argent public

Investir dans les centrales à gaz: un véritable gaspillage d’argent public

Risque de pénurie électrique en hiver: investissons dans l’efficience et les énergies renouvelables plutôt que dans la construction de centrales à gaz de réserve

Au moment du dépôt de cette motion, il y a 2 ans, « Pas de centrales à gaz de réserve pour sécuriser l’approvisionnement en électricité », Le Conseil fédéral planifiait la mise en service de centrales à gaz de réserve.  Objectif, pallier une éventuelle pénurie d’électricité en hiver suite au déclenchement de la guerre en Ukraine et aux difficultés d’approvisionnement que cette guerre a entraînées. Depuis, les centrales de Birr, de Cornaux et de Monthey ont été mises en service, avec des contrats qui courent jusqu’au printemps 2026, mais heureusement, on n’a pas eu besoin d’y avoir recours jusqu’ici.

 

Pas conforme à la loi et menace infondée

Entre-temps l’Office fédéral de l’énergie a lancé l’été dernier le premier appel d’offres pour des centrales de réserve après 2026. Il est prévu de signer des contrats pour que ces centrales soient en service pendant 15 ans, soit jusqu’en 2041!

Il y a quelques jours, un jugement du Tribunal fédéral administratif a conclu que l’autorisation d’exploiter la centrale de Birr n’était pas conforme à la loi. La Confédération avait en effet décidé, afin de permettre l’exploitation de cette centrale, d’augmenter temporairement les valeurs limites autorisées pour les émissions d’oxyde d’azote et de monoxyde de carbone.

Dans son jugement, le Tribunal fédéral administratif considère que le DETEC n’avait pas exposé de manière convaincante les hypothèses sur lesquelles il se fondait concernant la menace d’une pénurie durant l’hiver 2022-23. Le Tribunal retient aussi que, vu l’impact environnemental d’une telle installation, l’Etat devait respecter le principe de proportionnalité. Soit examiner si d’autres solutions plus respectueuses des différents intérêts en présence étaient envisageables.

Il est illogique de consacrer des sommes astronomiques pour une production supplémentaire éventuelle d’électricité d’origine fossile, plutôt que d’investir cet argent pour réduire la consommation d’électricité ou produire davantage d’électricité renouvelable. C’est même totalement aberrant.

Cela rejoint l’argumentaire développé dans ma motion, à savoir qu’il vaut mieux investir dans des mesures d’économie d’énergie ou d’encouragement des énergies renouvelables plutôt que de consacrer des centaines de millions, et bientôt des milliards, pour des centrales fossiles de réserve qui seront très probablement inutiles. Cela pourrait se faire de manière simple en utilisant les montants prévus pour les centrales de réserve pour augmenter les moyens financiers à disposition de programmes déjà existants comme SuisseÉnergie, le Programme Bâtiments, ProKilowatt ou encore ProNovo.

 

Gaspillage d’argent public

En investissant dans la réduction de la consommation d’électricité ou dans l’augmentation de la production d’électricité renouvelable, on provoquerait une amélioration de la sécurité d’approvisionnement tout en diminuant la demande, mais on augmenterait également l’offre de manière pérenne. Le même argent investi dans les centrales de réserve n’amène aucune amélioration en la matière et constitue un véritable gaspillage d’argent public.

 

Vers mes interventions parlementaires et mes thématiques

 

Ecoanxiété chez les jeunes: il faut une réponse politique concrète!

Ecoanxiété chez les jeunes: il faut une réponse politique concrète!

Face à l’accroissement mondial de l’écoanxiété, la nécessité d’actions politiques tangibles devient impérative. Alors que les citoyens du monde entier prennent de plus en plus conscience des risques actuels et futurs engendrés par le réchauffement, il est crucial que les responsables politiques proposent des solutions concrètes, au lieu de jeter l’anathème sur la jeune génération qui milite pour le changement.

Phénomène complexe

L’écoanxiété, ou anxiété climatique, est un phénomène complexe dont les causes et conséquences sont encore mal comprises. Elle se définit comme une détresse liée au climat et aux crises écologiques. Il est toutefois reconnu qu’elle est souvent fondée sur une anxiété constructive, c’est-à-dire que, bien que douloureuse et pénible, elle est rationnelle et n’implique pas de maladie mentale (1). Au contraire, c’est une émotion qui alerte d’un danger et qui peut amener à l’action, à la recherche d’informations et de solutions potentielles. Elle peut ainsi être considérée comme bénéfique, car elle permet d’amener les gens à réévaluer leur comportement ou à se mobiliser pour des changements politiques et structurels. Toutefois, comme la crise climatique est très complexe et qu’il n’existe pas de solution claire et facile, l’écoanxiété peut facilement devenir trop intense, voire écrasante pour une partie de la population, en particulier la jeune génération, souvent plus informée et donc exposée à la réalité de la crise climatique.

75 % des personnes ont déclaré qu’elles pensaient que l’avenir était effrayant

Selon une récente étude publiée dans la revue Lancet Planet Health et réalisée auprès de 10’000 jeunes de 16 à 25 ans dans 10 pays du monde, 84% des personnes sont préoccupées par la crise climatique (dont 59 % très préoccupées) (2).

Plus de 50 % ont fait part de chacune des émotions suivantes : tristesse, anxiété, colère, impuissance, détresse et culpabilité. Pire, 45 % ont déclaré que leurs sentiments à l’égard du changement climatique affectaient négativement leur vie quotidienne et leur fonctionnement et 75 % ont déclaré qu’elles pensaient que l’avenir était effrayant. L’écoanxiété est évidente à la fois dans les pays qui subissent déjà des impacts importants du changement climatique, tels que les Philippines, une nation très vulnérable aux inondations et aux typhons. Elle l’est également dans les pays où les impacts directs sont moins graves, comme le Royaume-Uni ou la Suisse, où les populations sont relativement protégées contre les phénomènes météorologiques extrêmes.

 

Réponse des gouvernements inadéquate

Ce qui est particulièrement intéressant dans cette étude, c’est que l’écoanxiété est corrélée à la perception d’une réponse inadéquate du gouvernement et à un sentiment de trahison qui y est associé. Ainsi, l’écoanxiété est plus importante lorsque les jeunes pensent que la réponse du gouvernement est inadéquate. L’incapacité des gouvernements à réduire, prévenir ou atténuer le changement climatique de manière adéquate contribue donc à la détresse psychologique des personnes écoanxieuses. À terme, ces niveaux élevés de détresse et de sentiment de trahison auront un impact négatif sur la santé mentale des jeunes générations, mais aussi sur la cohésion sociale de nos sociétés.

Il est donc de notre devoir, en tant que politicien-ne et élu-e, de répondre à cette écoanxiété, non pas en psychiatrisant ou en banalisant cyniquement une souffrance rationnelle, mais bien en agissant pour une politique climatique forte et ceci à toutes les échelles, communale, cantonale, fédérale et internationale. Nous nous devons de regagner la confiance de cette génération et de travailler avec elle pour faire de la question climatique une priorité des politiques environnementales, énergétiques et sociales de cette législature. Malheureusement, les décisions récentes du gouvernement et du parlement tels que la volonté d’élargir les autoroutes ou le rejet sans contre-projet de l’initiative des Jeunes Verts pour la responsabilité environnementale sont autant de mauvais signaux envoyés à la jeune génération concernant la volonté d’agir du gouvernement en faveur du climat…

 

Notes/références:

1. Berry, H.L., Waite, T.D., Dear, K.B.G. et al. The case for systems thinking about climate change and mental health. Nature Clim Change 8, 282–290 (2018). https://doi.org/10.1038/s41558-018-0102-4

2. Hickman C, Marks E, Pihkala P, Clayton S, Lewandowski RE, Mayall EE, Wray B, Mellor C, van Susteren L. Climate anxiety in children and young people and their beliefs about government responses to climate change: a global survey. The Lancet Planetary Health. 2021 Dec 1;5(12):e863-73.

Tourisme : le « toujours plus » n’est pas la solution

Tourisme : le « toujours plus » n’est pas la solution

L’organisation de descentes de coupe du monde en novembre à Zermatt témoigne de la difficulté à sortir du dogme de la croissance.

Les médias suisses et étrangers se sont beaucoup épanchés sur les déboires liés à l’organisation des coupes du monde de ski de Zermatt. Après la polémique autour des images de destruction du glacier à coups de pelle mécanique, et du caractère illégal d’une partie de ces travaux, voilà que les 4 épreuves prévues ces deux derniers week-ends ont dû être annulées. Après déjà l’annulation l’année dernière des 4 épreuves prévues en octobre, à une période où la neige avait fait défaut.

C’en était trop pour le président du comité d’organisation, Franz Julen, qui n’a pas pu retenir ses larmes devant les caméras après tous les efforts consentis. Des larmes qui viennent rappeler que tout n’est pas noir ou blanc. Oui les retombées économiques et marketing sont les principaux éléments qui expliquent la volonté d’organiser ces épreuves à cette période de l’année et dans ce contexte les considérations écologiques ne pèsent pas lourds. Mais les larmes de Franz Julen sont sincères et on imagine bien sa déception, ainsi que celle de son comité d’organisation et des centaines de bénévoles présents, qui n’ont pas pu récolter le fruit de leur engagement.
 

L’esprit pionnier de Zermatt pour sortir du « tout-ski »?

La capacité d’innovation et l’esprit de pionnier de Zermatt sont souvent évoqués pour expliquer le succès de la station depuis sa création au milieu du 19ème siècle. Zermatt a souvent su se réinventer et s’adapter aux modifications du contexte touristique. L’organisation de descentes de coupe du monde en automne à plus de 3000 mètres d’altitude s’inscrivent dans cette tradition.

Mais elle témoigne aussi de la difficulté à sortir de l’idée qu’il en faut toujours plus pour assurer le succès d’une station, quel que soit le prix écologique à payer ou en faisant fi des réalités environnementales ou météorologiques. La liaison câblée de Breuil-Cervinia à Zermatt inaugurée récemment participe de cette même logique de croissance en ciblant spécifiquement la clientèle asiatique.

D’un côté un village sans voitures avec des bus électriques et la volonté d’être une destination « swisstainable », de l’autre un glacier éventré et la recherche de toujours plus de touristes asiatiques au bilan carbone désastreux. Grand écart assuré.

Mais cette « schizophrénie » ne concerne pas que le niveau local. Les politiques menées par les cantons et la Confédération en matière de soutien au tourisme sont elles aussi largement basées sur l’idée de la croissance et du toujours plus. Le fait que ces politiques soulignent la nécessité de respecter les principes du développement durable n’y change pas grand-chose.

Aujourd’hui est-ce que l’esprit de pionner, ce ne serait pas plutôt, à Zermatt comme dans d’autres stations, d’abandonner cette volonté de croissance et d’augmentation des flux de visiteurs et d’initier à la place une stratégie de transition touristique ?

Une stratégie donnant plus d’importance au bien-être social des habitants et des employés (conditions de logement et de travail), et tenant davantage compte des impacts des activités touristiques sur la nature, le paysage et le climat. Un sacré défi certes, mais stimulant et qu’il est tout à fait possible de relever afin d’améliorer notre qualité de vie et celle de nos enfants.

 

Bilan de la session de décembre 2023

Bilan de la session de décembre 2023

Lors de la session de décembre, l’élection du Conseil Fédéral a passablement monopolisé l’attention, mais le parlement a pris un certain nombre de décisions, dont voici un résumé:

 

Financement uniforme des soins: conséquences financières floues

Aujourd’hui, le financement des prestations stationnaires et ambulatoires n’est pas identique. Lors d’une hospitalisation, 55% des coûts sont pris en charge par les assureurs-maladies et 45% par les cantons; lors d’un traitement ambulatoire, 100% des coûts sont pris en charge par les assureurs-maladies (donc financés par les primes d’assurance maladie).

Tous les acteurs sont d’accord qu’il faut changer le système de financement et avoir les mêmes règles pour les prestations stationnaires et ambulatoires. Le problème: la solution retenue par le parlement, qui a notamment intégré dans la réforme le financement des EMS et des soins à domicile, donne énormément de pouvoir aux caisses d’assurance maladie et ses conséquences financières sont floues.

Le risque existe qu’au final la réforme fasse augmenter les primes de caisse-maladie tout en mettant la pression sur les salaires et les conditions de travail du personnel soignant.

Un référendum a déjà été annoncé par les syndicats. Ça ne m’arrive pas souvent mais j’ai décidé de m’abstenir lors du vote final.  Il est en effet impossible d’obtenir des informations fiables sur les conséquences financières de cette réforme…

 

Budget: l’Office fédéral de l’environnement (OFEN) a été le seul office visé par les coupes

Le souhait du parlement était de monter le budget de l’armée à 1% du PIB d’ici 2035 (8 milliards au lieu des 5,3 milliards actuels). L’armée bénéficie donc de 300 millions de plus pour 2024. Ces 300 millions ont bien entendu dû être économisés ailleurs.

Si l’agriculture et les transports régionaux s’en sortent bien, ce n’est pas le cas pour les infrastructures ferroviaires, le développement régional, l’asile, les actions humanitaires ou l’Office fédéral de l’environnement qui s’est vu refusé toute augmentation de postes.

L’Office fédéral de l’environnement est le seul office qui a été visé par les coupes, ce qui en dit long sur l’orientation idéologique du nouveau parlement…

 

Loi sur l’énergie, accélération des procédures

La construction de centrales solaires, éoliennes et hydroélectriques d’importance nationale sera accélérée grâce à une concentration et un raccourcissement des procédures de planification et de construction.

L’UDC et le PLR ont tenté sans succès (mais de peu) d’affaiblir le droit de recours des organisations environnementales et d’autoriser la construction de nouvelles centrales nucléaires. Le dossier est transmis au Conseil des Etats.

 

Loi sur le CO2 : Une loi molle et peu ambitieuse

Cette nouvelle loi est tellement sans prétention qu’elle ne change pas grand-chose par rapport à la situation actuelle.  Le Conseil Fédéral et le Conseil National sont comme tétanisés suite au refus dans les urnes de la révision précédente en 2021.

Il a par exemple refusé, et c’est très symbolique, de taxer les jets privés. En gros tout le monde doit faire des efforts mais pas les ultra riches qui volent en jet privé et qui, en quelques heures, émettent autant de GES qu’un Suisse moyen pendant une année!

Et on se prive par là de 30 millions qui auraient pu financer des mesures d’assainissement des bâtiments, et qui auraient profité autant aux entreprises en charge des travaux qu’aux propriétaires et locataires….

Et pourtant le OUI clair en faveur de la loi climat en juin dernier montre que la population appelle de ses vœux une politique nettement plus ambitieuse!

Après ces 3 semaines intenses à Berne, je vais prendre congé, aussi des réseaux sociaux, pendant une dizaine de jours. Joyeux Noël et bon passage à 2024 à toutes et tous!

 

 

Résistons à la publicité commerciale nocive !

Résistons à la publicité commerciale nocive !

En réponse au Black Friday et aux innombrables incitations commerciales qui jalonnent la fin d’année, j’ai signé, avec 160 autres cosignataires, sous l’impulsions de Genève Zéro Pub (Genève), Sortir de la Pub (Romandie) et IG Plakat | Raum | Gesellschaft (Zurich) une lettre ouverte sur le thème de la publicité commerciale.

Ce texte attire l’attention notamment sur les agissements nocifs de La Poste en la matière. Il aborde différents aspects problématiques de la publicité commerciale, et son impact environnemental conséquent en encourageant à la surconsommation.

Il propose aussi un tour d’horizon des villes et communes de Suisse dans lesquelles des ci-toyen.ne.s et politicien.ne.s ont exercé leurs droits démocratiques afin de limiter la publicité commerciale dans l’espace public.

Parmi les 160 cosignataires du texte figurent plus de 20 parlementaires fédéraux, 40 élus cantonaux et communaux (dont les Maires de Genève et Vernier, et le Syndic de Vevey), des organisations critiques envers la publicité en Suisse (notamment la FRC) et dans six pays proches (dont Résistance à l’Agression Publicitaire en France, Berlin Werbefrei en Allemagne ou le réseau Adfree Cities en Grande-Bretagne), ainsi que des universitaires et des représentants de la société civile.

Cette lettre ouverte est une invitation à se questionner de manière objective sur la place accordée à la publicité et son impact sur nos vies. 

Résistons à la publicité commerciale nocive!
Un appel à l’occasion du Black Friday 2023

La poste pousse à la consommation

Le consumérisme est à l’origine de la dégradation climatique et écologique et nuit à la cohésion sociale. Or, des centaines de milliers de citoyens suisses reçoivent régulièrement depuis plusieurs années de la Poste suisse un courrier accompagné d’autocollants « Publicité bienvenue », «Oui à la pub» ou encore «Même pas peur de la pub». Le tout-ménage est muni d’une incitation à recevoir des échantillons de produits comme des barres chocolatées de fabrication industrielle.

Cet envoi a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Les autorités exhortent leurs administrés aux économies d’énergie, à la sobriété et au recyclage des déchets. Pendant ce temps-là, La Poste suisse encourage à la surconsommation et au gaspillage de papier! Elle banalise aussi l’impact du plastique sur l’environnement. Le bien-fondé de l’autocollant «Oui à la pub» peut être débattu. Il est en adéquation avec le principe de la liberté de réception, à l’instar de la publicité à la radio et à la télévision, chacun étant libre d’allumer ou d’éteindre son poste. A en croire les partisans de la publicité adressée dans les boîtes aux lettres, l’autocollant « Oui à la pub» peut constituer un outil contre la publicité non-sollicitée complémentaire à l’autocollant « Stop Pub» déjà existant et promu par les associations écologistes.

L’association Résistance à l’agression publicitaire France invite cependant à la prudence sur ce sujet. Au regard du taux d’apposition de l’autocollant « Oui pub» en ce moment activement promu sur le territoire français, on peut estimer selon elle que bien plus de 30 % de la population aurait voulu disposer d’un autocollant « Stop Pub».

 

La responsabilité du secteur publicitaire

La publicité commerciale véhicule encore souvent des préjugés sexistes ou discriminatoires. Elle participe à la surconsommation, laquelle facilite l’endettement. Aujourd’hui, parmi les publicités particulièrement décriées, on trouve celles pour les combustibles fossiles, les SUV, les voitures à énergie fossile et les transports aériens, mais aussi celles en faveur des vêtements de la fast fashion, d’aliments comme le bœuf et les produits laitiers ainsi que les bateaux de croisière de luxe. Ces biens et services émettent de grandes quantités de gaz à effet de serre et portent une responsabilité disproportionnée dans la crise climatique. Sur mandat de Greenpeace Suisse, le bureau d’étude Infras
a constaté que jusqu’à 7% des émissions de gaz à effet de serre de Suisse (importations comprises) doivent être imputées à la publicité. En ce qui concerne l’impact environnemental, ce chiffre peut atteindre 10%. Ce sont Coop (CHF 385 millions) et Migros (CHF 241 millions) qui dépensent le plus d’argent en publicité.

 

Initiatives dans plusieurs agglomérations européennes et villes suisses

De nombreux groupements et associations s’engagent en Europe et en Suisse pour donner aux communautés locales les moyens de créer des alternatives à la consommation en stimulant les liens communautaires, la solidarité, l’art public et l’engagement environnemental. On peut citer le réseau Adfree Cities réunissant de nombreuses villes et comtés de Grande-Bretagne ainsi que les pétitions citoyennes ayant récoltées plusieurs dizaines de milliers de signatures à Hambourg et Berlin.

En 2021, dans un arrêt qui fera date, le Tribunal fédéral a décidé que la restriction de la publicité extérieure – tant sur le domaine public que sur les propriétés privées visibles depuis le domaine public – ne constitue pas une ingérence à la liberté économique. Bien que rejetée de justesse dans les urnes à 51.8% en mars dernier, l’initiative «Genève Zéro Pub» a suscité un débat élargi très vivant, qui fera probablement évoluer les pratiques en la matière. En 2022 et 2023, le parlement de la ville de Zurich a transmis deux postulats demandant une réduction drastique de la publicité extérieure. Au printemps dernier, les autorités de La Chaux-de- Fonds ont annoncé leur intention de libérer le centre-ville des publicités commerciales dès 2025. La Ville de Vevey a décidé au mois d’août de ne plus mettre son
espace public à disposition pour l’affichage de publicité commerciale à partir de 2025.

Autant d’initiatives réjouissantes en faveur d’une société alignée avec les enjeux de durabilité de demain !

Signataires
Genève Zéro Pub, Genève
info@ouizeropub.ch
Sortir de la Pub, Romandie
info@sortir-de-la-pub.ch
IG Plakat|Raum|Gesellschaft, Zurich
info@plakat-raum-gesellschaft.ch

 

La poste et la publicité

La poste et son autocollant pro-publicité « Même pas peur » a fait un tollé sur les réseaux sociaux